Permis de conduire : pourquoi la Guadeloupe a le pire taux de réussite en France ?
Contexte et faits
Le taux de réussite au permis de conduire en Guadeloupe est le plus bas de France. Avec seulement 39,2 % de candidats admis en 2024, l’archipel occupe la dernière place d’un classement publié par L’Écho Républicain à partir des chiffres du ministère de l’Intérieur.
En comparaison, la moyenne nationale s’établit à 58,2 %. À l’autre extrême, Saint-Pierre-et-Miquelon caracole en tête avec un impressionnant 79,4 % de réussite. Ce micro-territoire du Nord-Atlantique, qui ne compte ni feux tricolores ni ronds-points et dispose d’à peine 15 km de routes, semble offrir un cadre bien plus simple pour l’apprentissage et l’examen.
En Guadeloupe, seul un candidat sur trois (32 %) décroche son permis dès la première tentative. Après plusieurs passages, le taux global ne dépasse pas 39 %. À titre de comparaison, la Guyane fait à peine mieux avec 45,9 %.
Ces chiffres illustrent une réalité inquiétante : décrocher son permis reste un parcours du combattant en Guadeloupe, là où il constitue pourtant une condition indispensable pour accéder à l’emploi et à la mobilité.

Impact et réactions
Les écarts observés ne sont pas dus à un manque de motivation des candidats. Bien au contraire, les jeunes Guadeloupéens persévèrent, parfois en multipliant les tentatives. Le problème réside ailleurs :
- Des infrastructures routières dégradées : chaussées endommagées, marquages effacés, carrefours dangereux, signalisation incohérente. Ces conditions compliquent l’apprentissage et augmentent les risques d’erreurs le jour de l’examen.
- Des pratiques d’évaluation variables : certains examinateurs adoptent une approche plus sévère que d’autres, ce qui fragilise les candidats déjà sous pression.
- Un rythme d’examen éprouvant : en Guadeloupe, les inspecteurs enchaînent les épreuves sans pause de 7h à 14h, contrairement à l’Hexagone où la journée est scindée en deux. Cette fatigue accumulée peut influencer leur jugement.
- Un manque d’examinateurs : l’attente moyenne pour obtenir une place à l’examen atteint plusieurs mois, ajoutant une pression supplémentaire sur les candidats.
Face à cette situation, l’Union nationale des indépendants de la conduite et de la sécurité routière (UNIC-SR) de Guadeloupe propose plusieurs pistes : amélioration des infrastructures, harmonisation des pratiques d’examen, réorganisation des horaires et reconnaissance du travail des auto-écoles locales.

Prévention et sécurité routière
Si la Guadeloupe souffre d’un si faible taux de réussite, cela interroge aussi sur la sécurité routière locale. Selon plusieurs associations, un candidat qui échoue trop de fois peut se retrouver tenté de conduire sans permis, augmentant les risques d’accident.
La comparaison avec Saint-Pierre-et-Miquelon doit toutefois être nuancée. Ce territoire compte moins de 6 000 habitants, un trafic réduit et une voirie extrêmement simplifiée. Le contexte est incomparable avec celui de la Guadeloupe, marquée par des routes saturées, des embouteillages et un parc automobile beaucoup plus dense.
La conduite accompagnée, qui affiche 75 % de réussite au niveau national et 85 % à Saint-Pierre-et-Miquelon, reste peu développée en Guadeloupe. Pourtant, elle pourrait constituer une solution pour améliorer les résultats.

Conclusion et perspectives
Avec un taux de réussite au permis de conduire en Guadeloupe de seulement 39,2 %, l’archipel affiche un retard préoccupant par rapport au reste du pays. Si l’on compare avec Saint-Pierre-et-Miquelon, où près de 8 candidats sur 10 obtiennent leur sésame, le contraste est frappant.
Cependant, les réalités locales doivent être prises en compte : infrastructures défaillantes, manque d’examinateurs, organisation des sessions. Ces obstacles expliquent en grande partie ce mauvais résultat.
Derrière ces chiffres se cache une question plus large : le faible taux de réussite est-il corrélé au nombre d’accidents graves en Guadeloupe ? Autrement dit, faut-il y voir un signe d’une formation plus exigeante, ou au contraire un frein qui pousse certains à prendre des risques ?
Une réflexion s’impose pour concilier réussite à l’examen et amélioration durable de la sécurité routière.